Si dès 1596 Fabricius remarqua les étranges apparitions et disparitions de l'étoile "Omicron" dans la Baleine et si Montanari nota dès 1669 les chutes temporaires d'éclat d'Algol , il faut cependant attendre le début du 19ème siècle pour que les astronomes entreprennent l'étude systématique des variations lumineuses des étoiles . Les variables connues à l'époque étaient peu nombreuses et il suffisait de parler simplement de la variable dans le Lion ou de celle découverte par Untel pour que chaque astronome sache de quelle étoile il s'agissait. Ainsi tel astronome pouvait écrire dans une revue connue qu'il était heureux de savoir que "son" étoile était étudiée par tel de ses collègues. Mais au fur et à mesure de la découverte de nouvelles variables, il apparaissait de plus en plus nécessaire de leur trouver une appellation propre.
La première proposition est venue d'un astronome allemand qui a consacré
une large part de son activité à l'étude des "étoiles changeant
d'éclat". Il s'agit d'Argelander, auteur du fameux catalogue de Bonn
(Bonner Durchmusterung ou BD ) et de la méthode d'observation visuelle
des étoiles variables qui porte son nom . Dans un article du 3 mai
1855, il écrivait :
" Je désigne par R l'étoile dans la Vierge dont la variabilité périodique a été découverte en 1809 par Harding .... J'espère qu'on me pardonnera si j'ai pris la liberté de désigner par une lettre une étoile ne figurant pas dans le catalogue de Bayer mais il me semble qu'étant donné leur originalité, les étoiles variables peuvent prétendre à une telle distinction. Une appellation particulière apparâit presque indispensable pour permettre de retrouver avec commodité et facilité des étoiles souvent citées. Mais pour éviter une confusion avec les désignations alphabétiques de Bayer, j'ai choisi de n'utiliser que les dernières lettres de l'alphabet et de les écrire en majuscules ... ".
Dans sa séance du 23 août 1867, l'assemblée générale de l'
"Astronomische Gesellschaft" - la société astronomique allemande qui
venait d'être créée 4 ans auparavant - décida qu'il convenait d'
utiliser le mode de désignation préconisé par Argelander, exception faite
des étoiles variables brillantes ayant un nom ou figurant déjà dans
le catalogue de Bayer mais pas de celles ayant une désignation numérique dans
le catalogue de Flamsteed. Chaque étoile variable serait désignée
par une lettre suivie du nom latin de la constellation au génitif.
La succession des lettres dans l'alphabet devait
se faire d'après la date de découverte de la variabilité de chaque
étoile. Ainsi la première étoile variable découverte dans une
constellation donnée fut appelée R, la seconde S, la troisième T et
ainsi de suite jusqu'à Z. Lorsque les 9 lettres de R à Z furent épuisées,
on convint de doubler les lettres, la dixième variable étant désignée
par RR, puis RS pour arriver à RZ, suivie de SS (mais pas SR), ST,
etc... jusqu'à ZZ.
Lorsqu'en 1907 on arriva à la désignation de la 54ème étoile variable
découverte dans la constellation du Cygne, ZZ Cygni, la commission des
étoiles variables - qui avait été créée en 1900 au sein de l'AG
("Astronomieche Gesellschaft") - envisagea de tripler les lettres et de nommer
RRR Cygni l'étoile variable suivante. Finalement, sur proposition de
l'astronome Ristenpart , on opta pour la désignation AA Cygni, qui
devait être suivie de AB, AC etc.... On pensait s'arrêter à la
dénomination AQ pour ne pas employer, même dans un ordre différent, les
lettres R à Z. On décida finalemnt de poursuivre jusqu'à AZ,
de continuer par BB ( et non par BA ), BC ... jusqu'à BZ, puis CC, CD ...
pour arriver jusqu'à QZ, ce qui portait à 334 le nombre de combinaisons
disponibles dans chaque constellation.
L'un des membres de cette commission estima qu'on n'atteindrait sans doute
jamais cette dénomination, sinon dans un avenir extrêmement lointain.
Or elle fut atteinte en 1929 avec l'étoile QZ Sagittarii.
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